Un bourg dans la tourmente
Des origines celtes et romaines
Villars viendrait de villariis, une ancienne propriété romaine. À l’époque gallo-romaine, plusieurs voies traversent la Dombes. Un centre de population, rattaché par une bretelle à celle descendant de l’est vers le sud (Montluel), semble exister aux premiers siècles de notre ère. Il est toutefois avéré qu’à partir de -58, des peuplades celtes se sont dispersées dans la région : Ségusions, Ambarres, Éduens, souvent en conflit avec les Helvètes venant de l’Est. Les Romains pacifient les lieux, mais au Ve siècle les Burgondes passent le Rhin et s’installent. Le 5 septembre 501, une trentaine de comtes burgondes signent la loi « Gombette » (lex Gundobada) à Ambérieux-en-Dombes, sur la proposition de leur roi Gondebaud. Celle-ci se distingue par ses dispositions tant d’origine germanique (serment purgatoire, duel judiciaire…) que romaine. En 709, la chronique de Sieur Bénigne de Dijon constitue le premier écrit mentionnant le bourg, même si le nom de « Villars » n’apparaît qu’en 1030.
Villars-les-Dombes, carrefour d’influences
La naissance du pays de la Dombes
Au VIIIe siècle, la Dombes relève de l’autorité de Charlemagne (742 – 814), roi des Francs, empereur d’Occident. En 843, le traité de Verdun partage l’empire de part et d’autre de la Saône, le royaume de France émergeant à l’ouest. La Dombes, à l’est, appartient désormais à Lothaire 1er, fils de Louis 1er dit « le Pieux » et d’Ermengarde de Hesbaye ; celui-ci divise son empire en « pays » et Villars est rattaché au pays de Lyon (Lugdunum). Trop vaste pour être géré, le pays est encore scindé, entérinant ainsi la naissance du pays de Dombes. L’origine du mot, apparu au VIIe siècle sous la forme terra de Dumbis, demeure mystérieuse.
En 869, la Lotharingie, partie nord du royaume de Lothaire II, disparaît au profit de deux autres États. En 962, la Dombes est intégrée au Saint-Empire romain germanique ; située aux confins de l’empire, elle n’intéresse guère l’empereur Otton 1er, dont l’autorité décline. Des seigneuries locales émergent et se déchirent. Créée en 830, celle de Bâgé conteste l’autorité grandissante de celle de Villars.
Carrefour de la Dombes aux mille étangs, la commune a d’abord subi sa position frontalière entre royaumes, avant de profiter de l’émergence de grands axes de circulation.
Le règne des sires de Villars
Le château des sires de Villars, situé à l’emplacement de la motte castrale (« poype »), est attesté dès 1030. Il est entouré d’un mur de fortifications et de tours de flanquement (de surveillance). Le bourg se développe autour de l’église, qui, de nos jours conserve des vestiges de l’époque romane. À partir du XIIe siècle, le bourg devient le centre administratif et le siège de la justice des sires de Villars. Cette puissante famille chevaleresque, presque souveraine, n’habitera toutefois jamais la capitale de la Dombes : elle demeure à Poncin. Elle s’éteindra vers 1186 avec Étienne II de Villars. Agnès, sa fille unique et « Dame de Villars et du Châtelard », épouse en 1188 Étienne 1er (Étienne de Thoire), sire de Thoire-en-Bugey, et lui apporte en dot la riche seigneurie de Villars. Leurs descendants prennent le nom de Thoire-Villars. Durant le XIIIe siècle, le bourg se clôt d’une enceinte qui reprend le contour des fortifications de terre de la basse-cour établie près de la motte.
La Dombes, entre indépendance et rattachements
Au mois d’octobre 1402, Humbert VII, dernier des sires de Thoire-Villars, cède la seigneurie de Villars et toutes ses dépendances à Amédée VII, duc de Savoie, pour 87 000 florins. Il s’en réserve toutefois la jouissance jusqu’à sa mort, qui survient en 1424. Amédée VII de Savoie élève la seigneurie en baronnie le 29 juin 1432, puis en comté, et en marquisat le 13 juin 1565. Villars perd ainsi son titre de capitale de la Dombes ; celle-ci est partagée d’une part en principauté ayant Trévoux comme capitale (à 20 km de Villars), et d’autre part en couloir rattaché à la Savoie (et de fait, à la Bresse).
Si la principauté, indépendante, jouit de son parlement, sa justice et sa monnaie, le reste de la Dombes est ravagé par le marquis de Treffort, soutenu par le duc de Savoie, durant les guerres de Religions et de la Ligue. L’annexion du marquisat de Saluces, petit protectorat français en Piémont, constitue pour Henri IV le prétexte pour déclarer la guerre. En 1594, il occupe les châtellenies savoyardes ; son chef de guerre, le maréchal Biron, pille la Dombes savoyarde. René de Lucinge, seigneur des Allymes, parvient à convaincre les diplomates de France, de Savoie et de la Papauté à se réunir. Les tractations aboutissent au Traité de Lyon, le 17 janvier 1601. Celui-ci met fin à la guerre et la Dombes savoyarde est rattachée à la France le 27 janvier. La principauté demeure indépendante, jusqu’à son rattachement à la France en 1761. Anne Marie Louise d’Orléans, duchesse de Montpensier, dite « La Grande Mademoiselle » (1627 – 1693), devient souveraine de Dombes. Le 2 février 1681, elle transfère la souveraineté au duc de Maine. Le 3 septembre 1666, Louis Suze, évêque de Viviers, cède la terre de Villars au royaume de France pour 109,368 livres.
Un début de XIXe siècle moyenâgeux
Au début du XIXe siècle, Villars est une ville en grande souffrance. Ainsi en 1820, le village compte 513 habitants dont la moyenne d’âge est de seulement 23 ans et 4 mois, tant la mortalité infantile est importante. Dans les années 1830-1840, la révolte des « Voraces » est initiée par des moissonneurs mal nourris, qui réclament une amélioration de leurs conditions de vie : ils ne perçoivent en effet que la traditionnelle « affanure », soit 10 % de la récolte…
Il faut dire qu’en 1830, la commune semble ne pas avoir évolué depuis le Moyen Âge. Le village est toujours entouré d’un fossé avec de l’eau et comprend deux entrées : la porte de Châtillon et la porte de Lyon. La prison, les halles et les deux églises (une destinée à la population, l’autre aux sires de Villars) sont protégées par l’enceinte. À l’extérieur se situe un temple dédié à Filloly, la « chapelle des Templiers ». Seuls ces derniers y avaient accès, en empruntant le chemin des Croix-Blanches interdit à la population (qui déposait toutefois de la nourriture pour les lépreux du Temple) ; les Templiers se nourrissaient à l’étang tout proche de Filloly, lequel dépendait du Temple. En dehors du village, la chapelle Saint-Michel a été construite en hommage à une source miraculeuse, réputée guérir les maladies des yeux. Toujours existante, elle ne s’est jamais tarie.
L’essor des voies de communication
Dès la fin du Moyen Âge, une route reliant Lyon à Bourg passe par Villars et Saint-André-de-Corcy. À la fin du XVIIIe siècle, elle devient une route provinciale de troisième catégorie, et est surnommée « le travers du chemin ». En 1828, elle est rénovée et baptisée « route Royale » (elle deviendra ensuite « Impériale » puis « Nationale 83 »), empruntant alors son tracé actuel qui divise les étangs Turlet et Glareins ; une nouvelle route orientée est-ouest est créée pour relier Pont-d’Ain à Trévoux, via Chalamont. La dynamique est lancée !
Autrefois rattachée au canton de Saint-Trivier-sur-Moignans, la commune devint chef-lieu de canton en 1867. En 1873, le tracé de la ligne de chemin de fer est adopté. Elle prend aussitôt une grande importance sur le plan local : utilisée par les voyageurs, elle permet aussi d’importer le charbon, les engrais nécessaires à l’agriculture, d’expédier jusqu’à Saint-André-de-Corcy les productions locales comme le lait, les produits maraîchers, les poissons des étangs, les 40 tonnes de cierges produits par l’abbaye de Dombes, les 1 500 tonnes de l’usine de Javel de Sathonay (qui fermera en 1976)… En 1876, une voie étroite est projetée entre Thoissey et Ambérieu-en-Bugey, passant par Châtillon, Marlieux et Chalamont. Les 11,5 kilomètres du tronçon Châtillon – Marlieux ouvrent en 1897, et deviennent incontournables pour desservir les foires de Châtillon : les convois comportent jusqu’à 20 wagons transportant bestiaux et passagers. Le jour des courses à Châtillon, plus de 2 000 personnes, en provenance de Lyon et Bourg, utilisent la ligne. Après un record de 30 000 voyageurs annuels en 1930, la ligne est abandonnée en 1933.
La construction des écoles et de la mairie
Peu après l’arrivée du chemin de fer, l’école publique des garçons ouvre (en 1882) ; celle des filles attend 1899. Une barrière sépare alors les bâtiments des deux écoles, dotées d’un jardin tenu par les élèves et les instituteurs. Les filles sortent une demi-heure avant les garçons… Il ne faut surtout pas qu’ils se rencontrent ! Au début des années 1970, l’école maternelle et le restaurant scolaire sont adossés. La mairie est construite en 1923, à l’emplacement des anciens fossés de la commune ; elle abrite également le bureau de poste. Les réverbères et plantations d’arbres font leur apparition sur la place de la Mairie.
L’envolée de l’après-guerre
En 1956, la commune troque le nom de Villars pour Villars-les-Dombes (« Villars-en-Dombes » est retoqué). Sa physionomie change en profondeur. La population, qui, suite aux guerres, avait chuté de 1 482 habitants à 1 358 entre 1901 et 1946, repart à la hausse en raison de la position de carrefour de la ville, et de sa nouvelle attractivité touristique. De nombreux touristes font halte pour visiter le désormais célèbre Parc des oiseaux (créé en 1970), l’église, la motte castrale ou encore la fontaine place Verdun, œuvre du peintre Paul Cézanne (1839 – 1906).
Aujourd’hui rentrée dans la grande couronne lyonnaise, la ville connaît un essor sans précédent : sa population a plus que doublée entre 1975 et aujourd’hui, passant de 2 344 habitants à plus de 5 000. Toujours desservie par plusieurs liaisons journalières de la voie ferrée Lyon – Bourg-en-Bresse, elle profite de sa situation à 30 minutes de Lyon et de Bourg ; elle est aussi à 35 minutes de l’aéroport Saint-Exupéry et à 1 heure de celui de Genève-Cointrin. D’un accès facile par la RD1083 Lyon – Bourg et la RD904 Ambérieu – Villefranche, elle est implantée à proximité de plusieurs sorties d’autoroutes. Villars est devenu un incontournable carrefour de voies de communication.